L’égalité femmes-hommes et filles-garçons : un choix de société, un enjeu éducatif
Sur toutes les questions liées aux stéréotypes, aux préjugées, aux violences sexistes et sexuelles et plus généralement à la lutte contre les discriminations, les questions éducatives, pédagogiques sont centrales pour venir à bout de tant d’années de différences. La question de l’égalité femme-homme passe évidemment par l’égalité filles-garçons. Dès le plus jeune âge, c’est un enjeu de société affiché comme « grande cause nationale » du quinquennat précédent du président de la République. Au-delà des déclarations et des effets d’annonce, les faits sont en contradiction avec les belles déclarations.
Dans les établissements scolaires, les référents mis en place rencontrent les plus grandes difficultés. Comment parler d’une mission quand il n’existe pas de lettre de mission, quand celle-ci n’est pas rémunérée, n’est pas reconnue et ne dispose d’aucun moyen financier. Dans de nombreux établissements, ce sont les collègues eux-mêmes qui se sont proposé·es, qui impulsent une activité régulière malgré les nombreux freins. Elles et ils se battent au quotidien pour faire vivre leurs projets, trouver des financements (souvent auprès de la déléguée départementale au droit des femmes à la préfecture, des collectivités territoriales …), les établissements refusant de financer la moindre action.
La question de l’orientation est centrale elle aussi mais est la conséquence de la construction toujours très inégalitaire des individus et de l’image véhiculée par les métiers. Les filles restent sous représentées dans les enseignements scientifiques et les filières industrielles des lycées professionnels ou de l’apprentissage. La suppression des mathématiques dans le tronc commun, choix politique, a elle aussi accentué leur faible présence. Mme la Rectrice a évoqué lors de son discours devant les référent·es égalité en 2021 ses objectifs et les pistes de travail (mise en place de quotas …), nous l’invitons à en discuter avec de nombreux proviseur·es !
Nous souhaitons vous interpeller aujourd’hui sur l’accueil des filles dans les métiers où elles sont sous-représentées. La question de l’accueil des jeunes femmes, des élèves, des apprenties dans les ateliers et les entreprises dans les filières très genrées par exemple dans l’industrie, dans la cuisine est un des éléments déterminants dans le choix de ces filières et de leur image au moment de l’orientation. Nombreuses d’entre elles subissent des propos sexistes, des comportements inadaptés, parfois des violences. Dans de nombreuses entreprises les calendriers de femmes nues trônent dans l’atelier, dans les salles de repos, personne n’y voyant un repoussoir pour les filles qui y viennent en formation.
Face à cela quelles sont les réponses des établissements ? En période de formation en entreprise, elles sont essentiellement les mêmes que lorsqu’un patron est raciste : l’établissement étouffe l’affaire, préserve le lieu de stage pour les prochaines sessions et tâche de ne plus y envoyer de filles (ou de jeunes dont la famille est issue de l’immigration). C’est cette réalité inacceptable que nous devons combattre dans notre département.
Cela doit changer.
C’est pourquoi, nos trois organisations syndicales CGT-FSU-Solidaires lancent une campagne de sensibilisation sur l’accueil des jeunes filles et des femmes dans les métiers où elles sont sous représentées. Elles doivent être accueillies dans un environnement sain exempt de toute forme violence sexiste ou sexuelle.
Le 8 mars à 11 h, nous avons remis une affiche à la DSDEN des PO pour le lancement de cette campagne destinées à sensibiliser tous les acteurs de la formation initiale ou professionnelle : éducation nationale, CFA, centres de formations, patronat … Nous porterons cette campagne dans toutes les instances interprofessionnelles et paritaires : CSA, CREFOP, CESER …
Les affiches
L’égalité salariale dans l’Éducation : une illusion
La rémunération d’une femme dans l’Éducation nationale est globalement 15 % inférieure à celle d’un homme (9 % dans le 1er degré, 7 % dans le 2nd degré, 25 % chez les non-enseignant·es). Les primes, les heures supplémentaires, les IMP sont en partie responsables. Et aussi le déroulement de carrière avec un rythme différent dans le passage des grades, les écarts d’indice se creusant après 20 ans de carrière.
Dans le 1er degré 18% des hommes sont à la Hors-classe contre 16% des femmes.
Dans l’Éducation nationale, la pension moyenne pour les retraité·es parti·es en 2021 (anciennement titulaires) est de 2340€ brut pour les femmes, et 2678€ pour les hommes. Soit 13% d’écart.
L’écart peut atteindre 350€ en faveur des hommes chez les personnels administratifs, sociaux et de santé, et ITRF de catégorie A. Les femmes sont plus touchées par les décotes en particulier celles supérieures à 15%, qui concernent 7% d’entre elles contre 5% des hommes. Les corps les plus féminisés sont aussi les plus impactés par les décotes.